Transition industrielle

Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, la Belgique doit viser des émissions nettes de CO2 nulles d’ici 2040 et des émissions nettes des autres gaz à effet de serre nulles d’ici 2050. Les secteurs de la pétrochimie, du raffinage, de l’acier et du ciment sont responsables de la majeure partie des émissions de CO2 de l’industrie belge. Afin d’atteindre les objectifs climatiques belges ambitieux, l’industrie belge doit opérer une transition à grande échelle afin de rendre ses procédés et ses produits respectueux de l’environnement. Les entreprises et les instituts de recherche belges doivent relever ensemble ce défi d’envergure. À cet égard, le gouvernement joue un rôle crucial de facilitation et de financement.

Feuille de route Climat 2030-2040-2050 pour l’industrie belge

Préalablement aux mesures concrètes ci-dessous, il convient d’élaborer une feuille de route Climat pour l’industrie belge et ses différents secteurs. Son élaboration peut se faire par l’intermédiaire d’un modèle de gestion de la transition multi-acteurs, comme celui appliqué avec succès par le passé pour le Plan C (réseau de transition pour la gestion durable des matériaux). Cette feuille de route peut être mise à jour tous les deux ans.

Un ambitieux programme d’innovation « moonshot » visant une réduction à grande échelle des gaz à effet de serre et la promotion des chaînes de valeur de l’économie circulaire

Pour rendre cette transition possible, il est nécessaire de mettre en place un programme d’innovation concerté allant bien au-delà des solutions en bout de chaîne comme la Capture et le Stockage du CO2 (CCS). Il est  possible d’y parvenir en mobilisant des ressources de  financement  dédiées via un ambitieux programme d’innovation « moonshot ».  Compte tenu de l’ampleur du défi et de l’urgence de la situation, nous recommandons de prévoir au moins 150 millions d’euros par an (montant total pour la Flandre, Bruxelles et la Wallonie). A titre de comparaison, cela représente un investissement encore plus colossal que le programme « moonshot » récemment annoncé par le ministre flamand Muyters.

En termes de thématiques, nous proposons deux axes principaux (qui se chevauchent) : (1) la réduction à grande échelle des gaz à effet de serre et la réutilisation du CO2 dans la production industrielle (acier, ciment, chimie, chaux, raffinage...) ; (2) la promotion des chaînes de valeur de l’économie circulaire.

Ce programme « moonshot » permettra de soutenir l’innovation technologique qui provoque de véritables changements de tendance. Ce processus ne peut se réaliser par une amélioration progressive des procédés industriels existants, mais nécessite des méthodes de production fondamentalement nouvelles (par exemple utiliser l’hydrogène vert comme réducteur pour la production d’acier, utiliser la biomasse pour la production de plastique, utiliser l’énergie verte pour la production électrochimique). Dans le même temps, il est nécessaire de mettre en place des chaînes de valeur ciblées sur les principes d’économie circulaire, qui peuvent également réduire les émissions totales de gaz à effet de serre (par exemple la production de ciment pauvre en CO2 et de liants alternatifs à partir de matières premières secondaires issues du secteur non ferreux).

L’innovation dans les nouveaux procédés industriels et les nouveaux modèles d’entreprise sont associés à des risques importants et à des impacts considérables : ces innovations ont besoin de temps et doivent être démontrées. Ce programme « moonshot » nécessite donc également un budget considérable pour financer les usines de démonstration, qu’il convient de mentionner dans la feuille de route à établir pour une industrie belge climatiquement neutre en 2050.

Prévoyez un « test de neutralité climatique 2050 » dans les autorisations environnementales et les EIE pour les grands investissements à partir de 2020

À partir de 2020, tous les nouveaux/grands investissements devront faire l’objet d’un test afin de vérifier leur compatibilité avec l’objectif de neutralité climatique à atteindre en 2050. Il s’agit notamment des investissements pour des installations avec une longue durée de vie. Les autorisations environnementales doivent ainsi être assorties de conditions qui stipulent que l’investissement doit être réalisé de manière à être climatiquement neutre d’ici 2050. Cette mesure est strictement nécessaire afin d’éviter tout nouvel immobilisme dans les investissements et les technologies néfastes pour le climat.