Misez sur une nouvelle politique du logement ambitieuse axée sur un logement durable et abordable

Logement

Élaborez une politique du logement qui propose un logement de qualité à un prix abordable et à des endroits corrects, encouragez les possibilités de logement coopératif et de « logement de société »

Aspirez à davantage de logements abordables bien situés dans ou à proximité des centres urbains, et tendez vers de meilleures typologies de logement qui offrent une qualité de vie et des critères favorables à la famille au moins aussi bons - et si possible meilleurs - qu’une villa dans un lotissement de banlieue.

Misez sur la construction groupée d’habitations et utilisez l’urbanisme négocié afin de ne pas s’attacher à la quantité (surface habitable, car chez nous, elle est bien plus importante que la moyenne européenne), mais plutôt à la qualité au travers d’aspects comme la vie privée, la luminosité, des terrasses, des vérandas, des jardins sur le toit et des potagers, des espaces de jeu pour les enfants. Les espaces verts, la quiétude et la vie privée revêtent une importance essentielle, surtout dans des zones densément peuplées.

Cela signifie également qu’il convient de miser beaucoup moins sur la construction individuelle et de privilégier davantage différentes formes de construction groupée d’habitations dans des zones de haute densité. Cette option peut être mise en place au travers d’une plus large gamme de types de logement, pas seulement des appartements, mais aussi des habitations adjacentes avec jardin, des maisonnettes, des duplex superposés, des constructions hautes, moyennes et basses, etc. Les types d’habitation doivent eux aussi proposer une plus grande diversité en matière de qualité de l’habitat, de terrasses, de jardins sur le toit, de potagers, d’aires de jeu, etc. Nous pouvons grandement améliorer la qualité de l’habitat au travers d’une offre plus large de fonctions collectives avec un partage des frais par de nombreuses personnes dans le cas d’un habitat groupé, ce qui impacte à nouveau positivement le coût du logement. Il ne s’agit pas ici d’une cohabitation forcée avec vos voisins (au détriment de votre vie privée), mais bien du partage de toute une série de fonctions qui rendent le logement plus agréable : un atelier pour bricoler, un logement pour invités, un espace pour nettoyer et réparer les vélos, une salle de musique bien isolée acoustiquement où les habitants qui étudient la musique peuvent s’exercer sans gêner leurs voisins, une piscine ou une salle de fitness... Les logements groupés donnent également lieu à toute une série de co-bénéfices : économie d’échelle, installations économes en énergie, achats collectifs, etc.

Un important modèle sous-jacent qui permet d’encourager ce système est le logement coopératif sur la base de parts avec droit au logement. Ce modèle combine la mobilité résidentielle d’un locataire à la constitution de capital d’un propriétaire, et permet souvent d’éliminer le coût inhérent à la valeur du terrain des frais de logement.

La transition d’un logement périphérique à un logement en centre-ville doit être incitée. Les propositions de logement alternatives sur des sites compatibles avec une vue long terme doivent donc être plus attirantes (plus jolies) et plus abordables qu’une villa dans un lotissement.  L’adoption d’une approche intelligente permet la mise en place d’une situation financière plus saine à long terme pour les citoyens, pour les autorités et le secteur de la construction.

Les modèles de logement coopératifs (logement sur la base de parts avec droit au logement) donnent aux citoyens la possibilité de déménager dans l’habitation la plus adéquate à chaque étape de leur vie, avec la portabilité de leur capital et sans obligation d’acheter ni de vendre. Au lieu de s’isoler dans un lotissement, les personnes âgées peuvent rester « chez eux » le plus longtemps possible en quittant leur maison en temps utile pour aller dans un endroit central à proximité d’établissements de soins et de la communauté. En outre, ce système assure une participation active des citoyens dans le secteur de la construction par l’intermédiaire d’une économie collaborative immobilière. Les groupes de co-housing et les coopératives construisent par ailleurs systématiquement de meilleures habitations qui sont plus durables et plus économes en énergie. Ils sont à la fois maître de l’ouvrage, promoteur et riverain, et ils calculent leur niveau d’investissement optimal en fonction des coûts de propriétaires totaux au lieu de considérer uniquement le quick win en cas de construction et de vente. Cette approche leur permet de tenir davantage compte du coût d’entretien, de la consommation d’énergétique, de l’adaptabilité à long terme, etc.

Au niveau régional, transformez les Sociétés régionales du Logement social en Société régionale de logement coopératif. Associé à un marché locatif plus étendu, un modèle coopératif facilitera les déménagements ce qui permettra aux citoyens d’habiter plus souvent plus près de leur lieu de travail.

Le modèle d’habitation coopérative en Suisse entraîne en parallèle la mise en place d’un système de logement social. Les logements sociaux n’y sont pas regroupés au sein d’un seul bâtiment ou d’un ghetto, mais sont au contraire répartis dans les différents logements coopératifs. La seule différence réside dans le fait que les habitants sociaux sont partiellement subventionnés pour l’acquisition de leurs parts.

Introduisez le logement de société pour remplacer les voitures de société. Les entreprises qui coinvestissent dans le logement coopératif pourraient ainsi réserver une certaine quantité de logements pour leurs travailleurs (ce qui permettrait de concrétiser le concept de logement de société). Dans ce cas aussi, les  instruments publics existants pourraient être réformés afin de rendre possible la transition vers une société durable sans frais supplémentaires. Afin d’assurer l’attractivité de l’édifice salarial, celui-ci devrait être aussi attirant et chic qu’une voiture de société. Il convient d’être strict et ambitieux au niveau de la qualité de la conception. Il sera alors possible d’ajouter aussi ce budget dédié aux voitures de société à ce plan Marshall ou à ce New Deal en faveur du logement climatiquement neutre. Une telle politique du logement constitue également une politique en matière de pauvreté et une solution à nos pensions basses.

Remplacez le bonus logement par un incitant pour la rénovation ou le logement collectif, modulaire, adaptable et abordable

Le bonus logement en Flandre n’avait aucun impact social favorable, car il a disparu immédiatement dans des prix de vente plus élevés et ne profitait donc qu’aux vendeurs. Il avait par ailleurs un impact négatif sur l’aménagement du territoire. En supprimant ce bonus, ce budget, associé à toutes les autres primes, pourrait être utilisé de manière beaucoup plus judicieuse pour proposer aux entrepreneurs débutants, à la classe moyenne et aux personnes âgées des logements plus compacts, plus économes en énergie et plus durables à des endroits convenables. Cela aurait un impact positif sur notre aménagement du territoire et sur le caractère abordable du logement et de notre mobilité. 

Développez un secteur locatif abordable

En parallèle, une partie des moyens générés par le péage urbain ou par la suppression du bonus logement et des voitures de société doit être utilisée pour encourager le marché locatif (20 % de loyer abordable en plus des 10 % de loyer social).

Réformez la fiscalité du logement afin de la rendre plus sociale et plus durable d’un point de vue écologique

Créez des mesures fiscales qui récompensent une relation adéquate à l’espace. N’octroyez pas uniquement une réduction fiscale sur les performances énergétiques, mais aussi sur la consommation d’énergie annuelle réelle si elle est faible.

Veillez à ce que l’acquisition de parts coopératives avec droit au logement bénéficie des mêmes avantages ou de la même déductibilité que le remboursement d’une hypothèque.

Misez sur une majoration de la taxation sur les secondes résidences et introduisez également une taxe sur les revenus locatifs réels.

Encouragez le logement circulaire et adaptable

La première étape consiste à réduire au maximum la nécessité de recycler en gardant en service, le plus longtemps possible et au maximum, les bâtiments bien situés. Veillez à ce que les nouveaux bâtiments soient toujours construits de manière à pouvoir modifier leur programme de manière flexible et à ce qu’ils soient toujours extensibles dans une mesure limitée.

Enfin, lorsque la démolition est la seule option encore envisageable, optez pour le recyclage des matériaux.

Assurez-vous aussi du caractère recyclable d’un maximum de matériaux dans le cas d’une nouvelle construction.

Dans le bilan CO2 d’un bâtiment, il est essentiel d’examiner non seulement les émissions consécutives à la consommation d’énergie lors de l’exploitation, mais aussi de tenir compte de l’énergie grise incluse dans les matériaux (analyse de cycle de vie). Ainsi, le béton, le ciment et l’acier requièrent une très grande quantité de CO2 au niveau de la production.

Élaborez des normes agréées et des fiches techniques pour les produits et matériaux de construction recyclés.

Dans les centres bien situés : récompensez la réutilisation des bâtiments existants et faites en sorte que la démolition soit une option plus coûteuse que la rénovation.

Dans les sites périphériques mal situés : encouragez une politique d’élimination progressive et faites en sorte que la démolition soit plus abordable que la rénovation.

Une économie et des processus circulaires ne sont réellement durables que s’ils fonctionnent en deux étapes.

  • Dans un premier temps, évitez au maximum le recyclage et la démolition. Le recyclage est en effet lui aussi particulièrement énergivore.
  • Dans un deuxième temps, lorsque cette option est inévitable, misez au maximum sur un recyclage aussi complet et durable que possible.

Dans le cas de bâtiments relativement jeunes et bien isolés, la majeure partie du CO2 émis pendant tout le cycle de vie vient des matériaux bâtiment à proprement parler (50 à 80 %). Ce sont surtout le ciment et l’acier qui sont responsable de l’émission d’une très grande quantité de CO2 lors de leur processus de production. Toutefois, « l’élimination » de matériaux contenant du CO2 n’est pas fiscalement encouragée à l’heure actuelle. Résultat ? Pour de nombreux promoteurs immobiliers, il est toujours plus avantageux de détruire et de reconstruire plutôt que de réutiliser, rénover et moderniser.